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Journal | Janvier 2020

 
  • mercredi 1er,
2001 : A Space Odyssey
2001 : A Space Odyssey

2001 : A Space Odyssey, film de Stanley Kubrick, 1968

Double ration de Strauss, les images en plus. Chacun ses traditions... ^_^
J’vous ai déjà dit que j’aimais bien Kubrick ?

 

 
  • samedi 4,
Dersou Ouzala
Dersou Ouzala

Dersou Ouzala, film d’Akira Kurosawa, 1975

Découverte de l’œuvre d’Akira Kurosawa, nouvel épisode. Sans savoir de quoi il s’agissait. On s’en fout, c’est un Kurosawa. Y’a des auteurs comme ça... Donc même pas de préméditation au visionnage de cette histoire animiste au cœur de la taïga sibérienne. À la rencontre entre Vladimir Arseniev, explorateur et topographe pour l’Empire de Russie, digne représentant de la civilisation, et Dersou Ouzala, marcheur solitaire fin lecteur du monde qui l’entoure. À l’amitié indéfectible qui naîtra entre eux deux. À celle qu’il serait peut-être bon de ne pas oublier aujourd’hui. N’y a-t-il que la peur du tigre et de ce qu’il symbolise pour en inspirer le respect ?
Au-delà de l’histoire, un merveilleux film. La dose de grands espaces en prime.

 

 
  • dimanche 5,
Le Tao du vélo
Le Tao du vélo

Le Tao du vélo, essai de Julien Leblay, Transboréal, 2016

Dans la même collection que l’ouvrage sur la cabane (en décembre) et sur la forêt (en cours de lecture), un cri d’amour susurré à l’oreille de tous ceux qui, comme moi, pourraient douter de leur capacité à remonter sur un vélo, ou à tous ceux que le vent du voyage, quelle que soit la distance, pousse vers un ailleurs, un plus loin, un plus soi ou de nouvelles rencontres. Très bien écrit, simple et accessible comme la monture qui peut pourtant nous emmener vers les sommets au prix de quelques efforts. Une ode à la simplicité, un équivalent mobile de la cabane, pour ne se concentrer que sur l’essentiel : vivre. Traité de philosophie sur deux roues, ligne de conduite pour un bonheur simple... dont je ne peux que recommander la lecture, en tous points agréable, au minimum !
L’occasion de me remémorer cette citation d’Albert Einstein,

La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. »

 

 
  • jeudi 9,
Expo Veličković
Expo Veličković

Veličković, FHEL, Landerneau, jusqu’au 26 avril 2020

Noir c’est noir !
Nouvelle expo au FHEL, nouvelle occasion pour moi de découvrir quelque chose que je ne connais pas. Sans voir avant, sans savoir, sans a priori. Quelle ne fut pas ma surprise quand je suis arrivée. Dès la première salle, le ton était donné : noir. « Euh... c’est comme ça tout du long, aussi lumineux et léger... ? » En face un hochement de tête avec un sourire compatissant et amusé. J’avançais comme on avance dans une grotte, dans l’inconnu sombre de nos propres cryptes. Enfin... surtout celles de Veličković hein ! mais dont la puissance a bien sûr suscité un écho émotionnel fort, intéressant. Le temps, la mort qui avancent, la décomposition de ce qui reste, par fractions, scalpels et figurations diverses. La vie et l’absence de vie. Comme une tentative de mesure de la mort, de sa dissection, de sa réduction. Le trait à la fois vif et mesuré, maîtrisé, impressionnant. D’autant plus étonnant que sur les quelques photos du parcours biographique, Veličković semble être un bon vivant, un bonhomme assez solaire et joyeux. Peut-être là le résultat de cette conscience de la fugacité de la vie et de l’impermanence des choses, la joie comme acte de rébellion, ou d’acceptation. Et puis tout à la fois cette interrogation face aux artistes qui semblent se focaliser sur cet inéluctable. En lui souhaitant ne pas avoir été trop déçu lorsqu’il y a finalement fait face. C’est fort et tragique, mais ma question demeure : en l’attendant, n’y a-t-il pas d’autres choses à faire ?

 

Dodes'kaden
Dodes’kaden

Dodes’kaden, film d’Akira Kurosawa, 1970

Justement, un tout autre regard que celui de Kurosawa.
Dans un quartier en marge, un no man’s land irréel, suspendu entre rêve et réalité, la vie de paumés, de déboussolés, de déçus, de désespérés et de rêveurs, chacun apportant sa propre réponse aux vicissitudes de son existence. Folie et sagesse se côtoient, le tout étant parfois de pouvoir encore les distinguer. La poésie trouve sa place parmi l’immonde ; la vie suit son cours. Tchou-tchou.
Un peu long par moments, pas non plus vu dans les meilleures conditions, un deuxième visionnage fera du bien. (’toute façon, quand on aime...)
Cette réflexion sur l’interprétation que ces êtres ont de la (leur) réalité et sur ce qu’ils en font me touche profondément. Bien entendu.

Me fait penser à Rêves dans un sens... que j’aurais plaisir à revoir prochainement aussi, en passant.

À l’arrêt suivant :

 

 
  • samedi 11, sauvons la planète (outch)
CO2 : Second chance
CO2 : Second chance

CO2 : Second chance, jeu de Vital Lacerda (orfèvrerie) et Ian O’Toole (illus), Giochix.it, 2018

Un jeu de plateau principalement coopératif dans lequel les joueurs doivent optimiser les ressources dont ils disposent (très limitées) pour faire face aux nécessités énergétiques et construire des centrales, à énergies renouvelables de préférence, tout en essayant de jongler au mieux avec les contraintes environnementales, scientifiques, économiques, politiques (très nombreuses). Haaaaa... les lobbies... =). L’objectif : réussir à maintenir quatre décennies durant le taux de CO2 à un niveau contenu tout en répondant à cette demande croissante d’énergies renouvelables. Dès que le taux de CO2 dépasse les limites acceptées, game over pour tout le monde... Et c’est plus que tricky.
Les mécaniques d’horlogerie de Lacerda s’harmonisent à merveille à la thématique, c’est immersif et effroyablement réaliste, au point d’arriver à appréhender ce que celle-ci peut donner au niveau écono-géo-politique. Les axes stratégiques sont nombreux, la coopération indispensable puisqu’il s’agit de constituer à tous les joueurs un « super-cerveau » apte à résoudre ce casse-tête géant. Se joue aussi très bien seul, en prenant son temps hein... Un mode de jeu compétitif est aussi prévu, mais franchement anecdotique (comparable à la salade dans un resto de grillades [1]).
De très très bonnes sensations (et oui, le cubenbois ça mène à tout !) !!
À venir, le test du grand frère : On Mars (signifierait-il par là qu’on a perdu à CO2 et préféré utiliser ce qu’il nous restait d’énergie pour aller pourrir un nouvel endroit, ou alors que le jeu de société sera notre seule possibilité de terraformer notre voisine rouge ?).

Encore un peu ?

 

 
  • mardi 14,
Un monde plus grand
Un monde plus grand

Un monde plus grand, film de Fabienne Berthaud, 2019

L’histoire de Corine Sombrun, romancée, simplifiée peut-être ? Un film assez conforme aux canons habituels, avec de beaux paysages et des personnages forts. Au niveau formel, rien de bien nouveau, sinon la vision du « voyage chamanique » que j’ai trouvé extraordinairement bien foutue, tant sur l’aspect graphique que sur celui des sensations. Et puis Cécile de France qui passe vachement bien. Comme d’hab’...

Non, le vrai bien de ce film, c’est avant tout de faire parler de Corine Sombrun, la vraie. Lors d’un voyage professionnel en Mongolie, et dans des circonstances plus qu’inattendues, elle a découvert (les chamanes de là bas lui ont dit) qu’elle était elle-même chamane. Issue d’une culture rationaliste toute occidentale, elle est passée par différentes étapes (incrédulité, folie ?, déni, ...) avant de se dire que ses fameux pouvoirs étaient peut-être une capacité cognitive inexploitée par la plupart, mais que nous aurions tous (Ce que raconte le film en gros). C’est ensuite que l’histoire, à mon sens, devient la plus passionnante (mais un labo de recherche est vraisemblablement moins glamour qu’un plateau mongol sur un grand écran ^^) : après ce parcours assez chaotique, elle a réussi à contacter des chercheurs prêts à étudier le phénomène, pour l’analyser et le comprendre. Aujourd’hui, les résultats de ces recherches pourraient aboutir à des applications médicales dans différents domaines, et notamment dans le traitement de troubles psychiatriques sévères (de vraies saloperies donc). Et ça c’est ultra cool... [2]

Deux-trois conférences bien sympa

 

 
  • lundi 20,
Lillian
Lillian

Lillian, film d’Andreas Horvath, 2019

L’odyssée d’une jeune femme russe, qui se retrouve sans un sou à New-York et ne désire plus rien d’autre que rentrer chez elle. Un voyage à pied d’est en ouest, jusqu’en Alaska, avec pour seul objectif de traverser le détroit de Bering. L’énergie du désespoir. Un film fort, narrativement, visuellement, émotionnellement qui, sans un mot, aborde tous les aspects de la condition humaine. Bien sûr pas la plus glorieuse.

 

 
  • jeudi 23,
Talking about trees
Talking about trees

Talking about trees, film de Suhaib Gasmelbari, 2019

L’entreprise est louable : combattre la censure au Soudan en essayant de redonner vie aux cinémas depuis des années voués à la décrépitude, retrouver le lien social, le plaisir de l’imaginaire ouvert par l’image projetée, quitte à sortir le projo portable et diffuser en pirates un dvd à l’assemblée présente, comme acte de résistance, de résilience. L’amitié entre ces « vieux de la vieille » du cinéma soudanais qui n’ont jamais (ou quasiment jamais) pu tourner dans leur propre pays, biberonnés aux Eisenstein, Godard et autres grandes figures de l’art, avec entre leurs mains les souvenirs de films de fin d’étude, expérimentaux, ou de lointaines participations.
Mais, c’est là mon sentiment, le film est long, lent (j’aime la lenteur qui exprime le rapport au temps mais là...), et... assez ennuyeux en fait. Dommage.

 

 
  • vendredi 24,
Les Vertiges de la forêt
Les Vertiges de la forêt

Les Vertiges de la forêt, essai de Rémi Caritay, Transboréal, 2011

Nouveau cri d’amour, affirmé et assumé, à la fois abordable et lyrique comme la forêt peut l’être. Superbe texte d’une personne qui ne l’est visiblement pas moins. Un amour inconditionnel où se retrouvent chair, émotion et spirituel, de retour au giron qui nous a vus naître, qui nous nourrit, et mériterait que nous lui rendions plus d’égards (ou le cas échéant que nous lui foutions la paix). Peut-être une fois encore ne suis-je pas exemplairement objective, mais de toute façon telle n’est pas ici ma ligne éditoriale.
À lire, à partager, à recommander, à promener au fond d’un sac en balade sous les frondaisons...

 

Sarah McCoy
Sarah McCoy

Sarah McCoy, voix et piano, Le Roudour

Diva multi-style, de la pop au jazz, sans s’arrêter aux cases qui de toute façon explosent sous la puissance de sa voix. Une timidité tonitruante. Une écorchée qui manie l’humour comme on porte un bouclier. Les émotions qui affleurent. Les blessures encore, surtout... Quelques beaux moments aussi. La délicatesse et la fragilité cachées dans un bulldozer qu’on a envie de voir exploser pour s’épanouir pleinement. Sur la réserve, la fusion scène et salle reste elle aussi timide mais quand elle sera prête à lâcher, qu’est-ce que ça va donner !!! Sentiment tout à fait personnel qui s’est confirmé lors du bref et chaleureux échange en sortie de salle. Une belle personne. J’ai vraiment beaucoup aimé.

 

 
  • samedi 25,
AO, le dernier Néhandertal
AO, le dernier Néhandertal

AO, le dernier Néandertal, film de Jacques Malaterre, 2010

Film assez bien foutu qui suit les pérégrinations de celui qui aurait pu être le dernier Néandertal, qui nous permet d’en apprendre un peu plus sur ce lointain cousin qu’autrefois on raillait dans les cours de récré et qui a peut-être bien péri d’être trop pacifique, trop gentil, trop partageur, vivant semble-t-il en harmonie avec la nature, ou trop proche d’un lointain cousin à lui trop con et trop violent... Pourvu qu’il subsiste des traces de ce Néandertal en nous.
Si les éléments représentés ont un réel fondement scientifique, (pas vérifié j’avoue, je l’ai pas regardé pour ça non plus), alors instructif en plus d’être divertissant, sans prise de tête, parfait pour un plateau-ptit-déj’ un samedi matin pluvieux.

 

 
  • jeudi 30,
Séjour dans les monts Fuchun
Séjour dans les monts Fuchun

Séjour dans les monts Fuchun, film de Xiaogang Gu, 2020

Film fleuve... deux générations sous le regard de celle qui a vécu, témoins et acteurs des mutations de la Chine. Aspect social, économique, écologique (un peu), symbolique, historique, ce film aborde énormément de thèmes. Le parcours d’une famille au fil de l’eau, et des destins individuels qui se tissent. La vie, la mort, le temps. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.
Bien écrit, mise en scène maîtrisée, photo superbe, personnages assez profonds et bien campés. Vivement le prochain volet.

 

 
  • vendredi 31,
Sílvia Pérez Cruz
Sílvia Pérez Cruz

Sílvia Pérez Cruz, voix et guitare latines, Le Roudour

Très belle soirée en compagnie de cette musicienne et chanteuse impressionnante d’expressivité, encore un très beau moment de partage d’émotions et de voyage musical...

 

 
 
 

 
  • en cours...
True Detective
True Detective

True Detective, série de Nic Pizzolatto, 2014-en cours

Vu la première saison pour l’instant. Très très bien foutu, j’ai hâte de découvrir la suite.

 
 
 

La ménagerie de papier, recueil de nouvelles de Ken Liu, 2015

En quelques années Ken Liu s’est fait une renommée dans le monde de la littérature, notamment celles dites de l’imaginaire. Longtemps qu’elle me regardait sur l’étagère cette Ménagerie. Même si j’étais restée sur une légère réserve à ma lecture de L’homme qui mit fin à l’histoire [3], j’avais cependant beaucoup aimé, et le dernier recueil de nouvelles venant de paraître, Jardins de poussière [4], autant ne pas accumuler alors que l’appel se fait de plus en plus insistant.
Pour la suite, ce sera par là.

 

 

[1ben quoi, les végétariens aussi ont le droit de manger des frites, non ?!

[2pis c’est pas parce qu’on comprend pas encore que c’est forcément vue de l’esprit, folie ou , les mentalités semblent s’ouvrir (même s’il faut toujours faire attention aux dérives bien entendu), et ça aussi c’est chouette.

[3Le Bélial’, coll. « Une heure-lumière » n°6, 2016

[4Toujours Le Bélial’, 2019

P.-S.

Presque trois semaines sans internet, mais retard rattrapé =)

En outre, questionnement sur la forme à donner à ces petites chroniques, ces instantanés supposés dessiner mon humeur, mes préoccupations, mes valeurs, celles du monde autour, et les (modestes !) volutes qu’elles font ensemble, depuis déjà un peu plus d’un an. Je n’ai pas envie que ces quelques traits dérivent vers l’exercice critique. Un avis, une analyse, une émotion, sur quelques lignes pour rester agréable au quotidien, aussi bien pour les lecteurs que pour moi qui les alimente. Pas non plus un catalogue bête et méchant. Un truc en plus dont je suis à la recherche. Une thématique ? Les symboles sous-jacents ? Les mouvements tectoniques inconscients ? Rester dans le personnel, l’individuel comme récit d’un parcours parmi les infinies potentialités, dans l’intime, du moment qu’il reste universel et peut trouver des résonances, sans toucher au privé qui reste, au fond, assez dénué d’intérêt =).
Pistes bienvenues. Aucun doute que ces recherches-là aboutiront bientôt !

Première mise en ligne 4 janvier 2020, dernière modification le 27 mars 2021

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